Assumons notre responsabilité en matière de ressources

Assumons notre responsabilité en matière de ressources

Nous, Réunionnais, mesurons l’importance des risques que portent les dépendances de notre insularité. 

Nous ne disposons pas des ressources illimités. Nous sommes tout aussi conscients que ces richesses, que nous extrayons de notre sol, de nos rivières, de nos mers ne sont pas renouvelables. Nous avons la responsabilité d’en être économes.

Le bilan métabolique évalue à plus de 16,1 millions de tonnes les volumes de ressources nécessaires pour alimenter l’économie réunionnaise, auxquelles il convient d’ajouter 14,1 millions de tonnes de flux indirects qui correspondent aux ressources énergétiques et matérielles mobilisées pour produire les biens manufacturés importés. Les prélèvements de ressources locales, dénommée « extraction intérieure » atteignent près de 11 millions de tonnes. En aval, plus 4,9 millions de tonnes de résidus sont assimilés chaque année par les écosystèmes locaux.

Le poids central des importations, qui représentent 57% des entrées, met en évidence le caractère « hors-sol » de l’économie réunionnaise et sa dépendance marquée à l’égard de flux d’énergie et de matière produits dans d’autres territoires.

Si jusque dans les années 1980, les centrales hydro-électriques permettaient de couvrir les besoins, la production électrique provient aujourd’hui à 76% de ressources fossiles.

Le creusement des dépendances concerne également les ressources alimentaires. Même si La Réunion présente encore l’un des taux d’autosuffisance alimentaire végétale les plus élevés des petites économies insulaires, les importations de denrées alimentaires destinées à l’alimentation humaine représentent près de 700 000 tonnes en 2016 contre 27 000 en 1949. Toute nature confondue, le volume des importations par habitant est passé de 231 kg en 1946 à 3,8 tonnes en 2016. A l’échelle du territoire, ce sont plus de 3,2 millions de tonnes de matières et de produits manufacturés qui sont importés chaque année.

A la veille de la départementalisation, plus de 60% des 222 000 ha de forêts originelles avaient disparu. Cette dégradation est particulièrement forte pour la forêt semi-sèche qui n’occupait en 1946 que 5 000 ha, soit 6,6% de sa superficie originelle. Si l’évolution de la couverture forestière est désormais stabilisée et sanctuarisée grâce au domaine départemental qui couvre 40% de la surface de l’île, l’augmentation de la population et de la consommation engendre une pression forte sur les milieux. L’urbanisation accélérée se traduit par un recul rapide des friches et des surfaces dédiées à l’agriculture qui reculent de 65 710 ha en 1997 à moins de 42 000 ha aujourd’hui. Or l’artificialisation des milieux réduit leur capacité de production et les services écologiques essentiels qu’ils offrent gratuitement : régulation du climat et de la pluviométrie, sols fertiles, prévention de l’érosion et des inondations, filtration de l’eau, etc.

Les ressources que nous importons, les gestes que nous faisons, les biens que nous consommons ont un impact sur les équilibres socio-économiques.
Innovons pour une alimentation, une énergie, et des ressources naturelles stratégiques, moins dépendants et plus respectueux de l’environnement. 

Pour cela ,il est essentiel que nous assumions notre responsabilité en matière de ressources et d’énergies

Ambition 6 - Produisons notre alimentation le plus localement possible, de façon saine et durable ;

Objectif 16 : Garantir la souveraineté alimentaire par le rééquilibrage des flux d’imports de fruits et légumes. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de :
  1. Financer des unités de transformation et conditionnement / stockage (épluchage, coupe, râpe, surgélation, mise sous vide ou en conserve…) et accompagner une gestion coopérative de ces unités, afin de proposer une gamme variée (farine, pâte, galette, fruits en conserve, compotes, biscuits, bonbons…) à base de produits locaux ;

  2. Développer et garantir l’approvisionnement des restaurations collectives en produits locaux et bio, notamment en accompagnant la création de groupements de producteurs et en utilisant les « marchés réservés ». Atteindre progressivement 50 % de produits bio, locaux ou écologiques dans les repas servis en milieu scolaire ;

  3. Repenser les espaces afin de les dédier à la production : exploiter les 7000 ha de terres en friche ; favoriser l’agriculture urbaine ; promouvoir les élevages extensifs sous verger, l’aquaculture bio-intensive (aquaponie), l’agro-écologie et la culture intercalaire avec la canne ;

Protéger les zones agricoles en les sanctuarisation (PAEN : périmètres de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels), construire sur les mauvaises terres arables et cultiver les bonnes en prenant en compte la valeur agronomique des terres. Créer des corridors verts multifonctions en milieu rural (lutte contre les ravageurs, maintien de la biodiversité, réseaux de sentiers).

Objectif 17 : Garantir la résilience et la durabilité des méthodes de production face aux variations saisonnières et à l’évolution du climat, et pour cela il s’agira de :
  1. Soutenir les instituts techniques dans le développement de méthodes et d’outils adaptés à la lutte biologique et à la résilience climatique par des préparations locales dans les dispositifs de lutte biologique (PNPP), low tech ;

  2. Promouvoir la recherche et le développement autour des super-aliments ;

  3. Assurer le développement de la production locale d’engrais et d’amendements de qualité pour : Éviter l’importation des 30.000t d’engrais chimiques ; Répondre aux prochaines échéances d’obligation de tri à la source des biodéchets fin 2023 ; Limiter l’explosion des coûts de la collectivité liés à la collecte, au transport et à la gestion des (bio)déchets, et transformer ceux-ci, à chaque fois que cela sera possible, en une ressource nécessaire à l’alimentation de notre agriculture locale. 

  4. Mettre en place une nouvelle filière économique et durable de la matière organique. Cette filière nécessite la montée en compétence d’acteurs décentralisés du biodéchets: Référents de Sites, Guides Composteurs, et Maîtres Composteurs du territoire. Ces nouveaux métiers, devront bénéficier d’une formation reconnue, et seront chargés de collecter localement, sur base d’une mobilité douce, pour valoriser/composter les déchets alimentaires de nos villes pour les transformer en un super-amendement de qualité, normé qui retournera à la terre. « Nourrir la terre, nourrir les hommes »;

  5. Développer l’intégration de l’animal utile sur l’exploitation ;

Objectif 18 : Intégrer l’agriculture dans la société et rapprocher le citoyen de la terre et de son terroir. Ceci pourra se faire ainsi :

Diversifier les activités agricoles : agrotourisme, ferme pédagogique …

AMBITION 7 - Produisons notre énergie le plus localement possible, de façon renouvelable ;

En matière de disponibilité de notre Énergie, nous voulons garantir notre souveraineté énergétique par  une sécurité d’approvisionnement, une plus grande Maîtrise de notre Demande en Énergie  et par  une politique volontaire de production et consommation maîtrisée, locale et durable.

Objectif 19 : En matière de sécurité d’approvisionnement, l’Énergie est un bien commun indispensable qui doit être gérée de façon transparente et sécurisée. Ainsi, pour atteindre cet objectif, nous souhaitons,
  1. Restructurer le service public de l’Énergie en s’appuyant et en restructurant les missions des acteurs existants (SIDELEC, SPL Energie Réunion,…) afin de garantir la souveraineté de notre territoire en matière d’énergie. Ce service public aura pour mission de  coordonner  la régulation et assurer la réponse de nos besoins en énergie, tout en garantissant la sécurité de notre approvisionnement, quelques soient les évolutions géopolitiques indépendantes de nos propres volontés 

En matière de Maîtrise de la Demande en Énergie, actuellement, la consommation énergétique augmente de 2 % chaque année à la Réunion, alors qu’ à l’échelle mondiale , celle-ci devrait baisser de 5% pour rester en dessous de 2°C de réchauffement climatique d’ici 2100.

Par ailleurs, chaque KWH non consommé ne nécessitant  pas d’être produit, un soutien majeur doit être apporté au grand public et aux professionnels pour une gestion maîtrisée de leur consommation d’énergie. 

Objectif 20 : Contribuer à la maîtrise de la consommation énergétique de notre territoire pour limiter les tensions sur la disponibilité de notre Énergie et contribuer à la baisse du réchauffement climatique . Ainsi, pour atteindre cet objectif, nous souhaitons:
  1. Contribuer au financement et assurer la promotion de tous les dispositifs existants ou innovants (pour les particuliers ou professionnels) qui contribuent à la baisse de la consommation globale en Énergie, notamment dans les domaines du transport, du bâtiment ; 

  2. Imposer des contraintes réglementaires pour les bâtiments tertiaires avec une consommation maximale en kWh/m²/an, comme en Métropole ;

  3. Conditionner les subventions aux collectivités et entreprises à la maîtrise de l’énergie de leurs projets (ZAC, bâtiment tertiaire…) 

En matière de production et consommation d’énergie locale et propre, notre ambition est de tendre vers une énergie 100% renouvelable, produite aussi localement que possible tout en répondant à des objectifs de coût de production supportable économiquement et socialement, et en maîtrisant l’impact sur notre environnement. Aujourd’hui, 87% de l’énergie consommée à la Réunion (pour notre électricité et nos déplacements) est importée, ce qui nous rend très dépendants donc très vulnérables. Nous devons donc accroître notre autonomie énergétique en développant nos propres énergies renouvelables. Pour cela, nous souhaitons :

Objectif 21 : Soutenir le développement d’une filière locale des énergies renouvelables via :
  1. La transformation des centrales thermiques existantes (charbon, fuel,  biomasse importée…) pour accueillir des ressources énergétiques renouvelables et aussi locales que possible (soleil, eau, biomasse d’origine locale, …), 

  2. La création de quartiers, d’immeubles ou groupe d’immeubles autonomes  en énergie (Smart Grid/ Smart house) ;

  3. L’élaboration d’une filière locale innovante des énergies renouvelables et du stockage de l’énergie, avec une production locale des équipements nécessaires et une formation des Réunionnais pour travailler dans cette filière.

AMBITION 8 - Gérons nos ressources naturelles (eau, agrégats, bois, sols…) de façon économe et responsable ;

La gestion de nos ressources naturelles à savoir l’eau, les sols, le bois, les agrégats, sont des  éléments indissociables de notre activité. A ce titre, il est essentiel et stratégique  d’en garantir la disponibilité tout en nous assurant de son faible impact en matière environnementale.

Pour  cela nous considérons qu’il est vital de doter notre territoire d’une  plus grande capacité d’anticipation de nos besoins stratégiques, afin de mieux maîtriser la disponibilité  des ressources nécessaires dans le respect de notre environnement et de notre biodiversité.

Pour ce qui concerne l’Eau, se posent  quatre enjeux majeurs: celui de sa qualité biologique, de sa qualité sanitaire, de sa quantité et de la sécurité.

Sur l’amélioration de la qualité biologique de l’eau, le constat est que les masses d’eau terrestres (nappes phréatiques, étangs, cours d’eau…) et maritimes sont en grand péril : des moyens conséquents doivent être mis en œuvre afin de ramener les masses d’eau à un niveau de qualité acceptable. 

Objectif 22 : Ramener toutes les masses d’eau à un bon état écologique d’ici 2030. Pour cela il est nécessaire de :
  1. Protéger, voire sanctuariser, certains cours et réserves d’eau afin de permettre aux populations d’animaux de se reconstituer (bichiques, …) ;

  2. Lutter contre les espèces envahissantes (écrevisses et tortues de Floride) 

  3. Inventorier et limiter les rejets de polluants en mer (eaux de pluie souillées par des eaux usées, déchets, produits phytosanitaires notamment dus à l’agriculture, produits pharmaceutiques notamment médicaments…) ;

Sur l’amélioration de la qualité sanitaire de l’eau : 46% des abonnés sont alimentés par des réseaux ne garantissant pas une sécurité sanitaire suffisante et 40%  d’eau potable est perdue du fait de fuites. La Réunion accuse également un retard considérable en matière d’assainissement : les stations d’épuration ne recueillent que 1/3 des effluents des ménages et de certains industriels. Pour les 2/3 d’assainissements individuels, on estime que 1/4 seulement sont conformes à la réglementation.

Objectif 23 : Contribuer à la modernisation du réseau de distribution et d’assainissement de l’eau potable
  1. Accompagner davantage les intercommunalités pour accélérer les programmes de construction et rénovation des réseaux d’eau potable ;

  2. Accompagner davantage les intercommunalités pour accélérer les programmes de construction et rénovation des réseaux d’assainissement.

Sur l’accroissement de la quantité d’eau, il est important de mettre en place une vraie Maîtrise de notre consommation en Eau qui viennent interroger  nos pratiques quotidiennes, nos systèmes et processus de production, pour  nous permettre d’utiliser moins d’eau dans les usages quotidiens et dans la production (agricole, industrielle…).

Objectif 24 : Augmenter la quantité » disponible de manière durable et sécurisée Il est ainsi nécessaire de :
  1. Favoriser les retenues d’eau collinaire afin de pallier aux problématiques de sécheresse pour l’agriculture ;

  2. Tester le dessalement de l’eau de mer (comme à EDF Port) alimenté par du solaire ;

  3. Subventionner l’acquisition de récupérateurs d’eau de pluie par les particuliers et entreprises ;

  4. Intégrer la question de la disponibilité de la ressource dans les documents d’urbanisme.

Objectif 25 : Sur l’amélioration de la sécurité face aux problématiques d’inondation, il faut permettre l’infiltration de l’eau dans les sols, et pour cela lutter contre l’imperméabilisation des sols en préservant les surfaces naturelles et agricoles, les espaces verts. Pour cela, il s’agit de
  1. Favoriser, via le SAR et les documents d’urbanisme, la densification urbaine sur le territoire tout en préservant la qualité de vie, qu’il s’agisse de nouveaux quartiers ou de quartiers existants ;

  2. Soutenir les communes afin de contrôler le respect des surfaces perméables définies par les PLU sur chaque parcelle.

En ce qui concerne les agrégats, la Réunion commence à entrer dans une phase de pénurie, notamment très forte dans l’Ouest pourtant porteur du grand projet de l’Ecocité :  le besoin annuel est de 5 millions de tonnes, or les 5 carrières de l’Ouest vont toutes fermées d’ici fin 2021. 

Ceci a pour conséquence d’augmenter les distances et les coûts de transport donc, par incidence,  les coûts de construction de façon importante: ainsi, le coût des matériaux a augmenté de 20% ces 2 dernières années. Ces agrégats sont essentiels pour construire les routes, les ponts, les logements, commerces, bureaux, entreprises et équipements dont nous et nos enfants auront besoin pour vivre.

Le Schéma Régional des Carrières doit être rédigé et acté avant début 2025, et doit permettre de protéger les ressources et de développer le recyclage des matériaux lors des déconstructions (déchets du BTP : 15% recyclés aujourd’hui avec un objectif à 30%), et la ressource alternative dans le lit des rivières.

Pour ce qui est du bois, la Réunion possède 120 000 ha de forêt publique et privée. Le programme régional de la forêt et du bois (PRFB)  identifie 10 grandes actions à mettre en œuvre telles que : le développement des études, le renouvellement de la forêt de production, le soutien aux investissements pour la mobilisation des bois ou l’accompagnement des propriétaires forestiers privés. 


Enfin, en ce qui concerne les sols, leur qualité s’est appauvrie avec la pratique d’une agriculture conventionnelle. Il s’agit donc de régénérer la qualité de nos sols pour garantir leur productivité dans le temps.

Objectif 26 : Assurer un usage raisonné et durable de nos ressources. Pour cela nous souhaitons :
  1. Favoriser le “verdissement” de nos procédés et matériaux de construction qui soit économiquement soutenable, notamment en développant l’usage du bois, de la pierre ou du métal plutôt que du béton et du ciment.  

Soutenir le développement local de production des ressources qui nous seraient nécessaires, notamment en créant un label et une certification pour les matériaux éco conçus localement ;

Objectif 15 : Adapter et créer les conditions les plus favorables à nos spécificités pour permettre le développement de notre territoire et le bien-être de ces citoyens

Dans ce cadre, nous nous engageons à  :

  1. Exercer pleinement le droit à l’expérimentation dès lors que la Conférence Territoriale de l’Action Public aura permis d’identifier une adaptation particulière ou la définition d’un dispositif règlementaire ou législatif qui répondrait mieux aux spécificités de notre territoire, ce, dans tous les domaines, ne mettant pas  en cause les conditions essentielles d’exercice d’une liberté publique ou d’un droit constitutionnellement garantie

  2. Mettre en place un  organisme local de certification des normes